Une fois, mon père et moi avons pris un homme en stop.

En conduisant, mon père et moi avons essayé de bavarder avec le gars. Il s'est avéré que c'était un vétéran du Vietnam, qui faisait du stop depuis de nombreuses années. Il nous a raconté une partie de son histoire, et puis ça a commencé à devenir bizarre.

Attention: ce qui suit n'est pas ce à quoi vous vous attendez.

Il s'appelait Danny. Il était maigre et portait un chapeau Lynyrd Skynyrd très sale (N.d.T: Sweet Home Aaaalabama. Groupe aujourd'hui - un peu - controversé à cause de cette chanson: voir numéro 7. 13 choses que vous ne saviez pas sur Lynyrd Skynyrd - Pixbear).

Il a commencé à nous raconter comment il avait été utilisé dans un certain nombre d'expériences dans l'armée. La plupart des expériences concernaient la désensibilisation à la douleur et la manipulation mentale.

Puis il nous raconta comment il avait été impliqué dans une série d'expériences de voyage dans le temps.

À ce moment-là, mon père était déjà assez mal à l'aise et essayait de changer de sujet:

"C'est une bonne chose que nous t'ayons pris en stop, comme ça tu n'as pas à marcher seul dans le froid."

"Ca me dérange pas le froid."

"Au moins, c'est plus confortable d'être assis dans une voiture, non ?" demanda mon père.

Danny regarda par la fenêtre et l'ignora…

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Intrigué, j'ai commencé à lui poser plus de questions sur le voyage dans le temps, et plus particulièrement sur l'aspect et le fonctionnement des machines. À ma grande surprise, il décrivit en détail un modèle très convaincant de machine à voyager dans le temps, intégrant la lumière, le son, l'électricité et une série de produits chimiques qu'il décrivait avec aise, comme s'il l'avait fait des milliers de fois.

J'étais tellement captivé par sa description explicite que j'ai continué à poser des questions, de plus en plus détaillées. Pendant ce temps, mon père, complètement déconnecté de la conversation, regardait par la fenêtre et se mit à fredonner.

Très vite, nous sommes arrivés à la maison. J'ai demandé à Danny s'il voulait manger, et il m'a poliment répondu qu'il allait partir. Je lui ai proposé de le conduire un peu plus loin sur la route jusqu'à un grand carrefour, ce qu'il a accepté.

Nous avons laissé mon père à la maison, nous avons repris la route et nous avons commencé à conduire.

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Dès que nous sommes remontés dans la voiture, Danny a dit quelque chose qui m'a choqué :

"Tu devrais rester loin de ce type".

"Quoi ? Tu veux dire mon père ?"

"Oui, une des choses qu'on m'a apprises, c'est de lire les gens, et il faut éviter les gars comme ça."

Je n'avais jamais rien entendu de tel. Mon père est pasteur, et tout le monde le considère comme un type très gentil.

J'ai demandé à Danny (encore une fois) s'il voulait manger un morceau, il a accepté sans hésiter. Nous nous sommes arrêtés dans un restaurant et il a mangé comme un chien errant.

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Au cours du déjeuner, il m'a parlé des technologies fascinantes dont il avait été témoin pendant son service militaire, ne m'épargnant pas les détails les plus atroces. Il me racontait tout, des voyages dans l'espace et dans le temps, de l'alchimie, et de ses propres expériences surhumaines. Il affirmait qu'on lui avait tiré dessus à de nombreuses reprises, mais que les balles l'avaient traversé, en raison d'une hyper-molécularisation qui a rendu sa densité si faible que les objets l'ignoraient, et qui lui a également permis, par moments, de se déplacer à la vitesse de la lumière.

Nous avons discuté de mathématiques, et j'ai été assez choqué par sa profonde maîtrise de la géométrie différentielle, de la physique moléculaire, et il a même fait une longue diatribe sur les systèmes à base numérique. Il était convaincu que notre système de comptage par décile était la raison pour laquelle la plupart des gens ne comprendraient jamais les complexités scientifiques profondes. Je griffonnais des notes comme un fou, sur des serviettes de table qui peinaient à contenir ce qu'il décrivait.

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Après le déjeuner, nous nous sommes assis sur le parking pendant qu'il fumait des cigarettes. Il m'a expliqué comment il s'était lié d'amitié avec un serpent à sonnette, puis avec un lion de montagne. Et comment il avait gelé de la tête au pied, mais avait dégelé vivant, parce qu'il avait suivi une sorte d'entraînement à l'hibernation et s'était fait injecter des produits chimiques dans la peau.

Finalement, il en eut marre de parler. Il me remercia de nouveau, poliment, prit son sac et s'en alla.

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Ok, où je veux en venir avec cette histoire?

Environ 8 mois plus tard, je me suis présenté aux urgences à cause d'une dépression suicidaire. (Ou plutôt, ma partenaire m'y a enregistré, parce que j'étais dans un état émotionnel de choc et que je pouvais à peine parler). J'avais récemment quitté mon travail et j'essayais de m'orienter vers une nouvelle carrière. Ca ne se passait pas bien.

J'avais toujours souffert de dépression et d'idées suicidaires, mais c'était le pire que j'avais jamais connu. Ma partenaire a demandé à mes parents ce qu'il fallait faire : "Laisse-le tranquille, il s'en remettra".

Heureusement, elle ne l'a pas fait. Nous avons fini par engager un thérapeute très cher, et j'ai commencé à travailler pour démêler mes émotions.

C'était il y a presque trois ans.

Au cours des trois dernières années, j'ai découvert des dizaines de souvenirs que j'avais refoulés de mon père qui me maltraitait quand j'étais enfant.

De nombreux secrets sombres et horribles que j'avais complètement oubliés, ou que j'avais choisi d'oublier. Comme ces secrets commençaient à revenir, morceaux par morceaux, plus dérangeant les uns que les autres, j'ai appelé un de mes frères pour lui demander s'il se souvenait de ces événements. À ma grande surprise, il s'est souvenu de chacun d'eux et a souvent reconstitué toute l'histoire pour moi. Il pensait que je savais et était très désolé de réaliser que je "redécouvrais" beaucoup de ces événements pour la première fois.

Ce long chemin s'est finir par une confrontation avec mon père. Il m'a jetté dehors, interdit de revenir dans sa maison et m'a dit que je n'étais plus son fils. Il a ensuite contacté tous nos proches, ainsi que les membres de son église, et leur a dit que j'étais un loser drogué dont il avait honte, et que je n'étais plus le bienvenu, ni dans sa maison, ni dans son église.

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Danny avait donc entièrement raison.

Mon père était bien quelqu'un à éviter.